A ceux qui me poseraient la question "bah alors qu'est ce que tu d'viens ?" je vais leur écrire ces quelques lignes.
Dans deux mois, mon école de japonais se finira. Je serai remercié, un petit diplôme avec sans doute peu de valeur me sera donné (si je n'ai pas trop de mauvais résultats), fruit d'un an et trois mois d'études intensives de cette langue qui me reste encore ô combien obscure.
J'ai réussi à entrer en école technique. Je ne sais pas si mes inquiétudes sont fondées,si oui ou non mon niveau de japonais est suffisant, si oui ou non je pourrai être assez courageux et sérieux pour arriver au bout de ces deux années qui vont être chères. Chères à ma vie, comme chères tout court. Deux ans cela passe vite dit-on, pourtant ceux deux années pour moi sont pour le moment lointaines. Je ne sais pas si je peux y arriver, étudier comme un étudiant japonais lambda. Alors je doute, comme je l'ai toujours fait. Je n'ai pas eu envie de suivre le chemin presque tracé de beaucoups d'étudiants réunionnais et je le paie, que ce soit en argent ou de façon plus insidieuse, inexprimable.
Je suis passé à travers champs, je n'ai pas suivi la piste, alors à moi de trouver une petite ferme dans laquelle me réfugier, que personne n'aura trouvée pour y travailler et y demeurer, le coeur enfin reposé, le bonheur à côté, jouant un petit blues le soir venu sur le porche assis sur mon siège à bascule. Mais pour l'instant, je traverse le désert, un désert dont le nom m'a paru si doux un temps, comme si une sirène me l'avait chuchoté à l'oreille : Tokyo.